mardi 16 octobre 2007

Le téléphone mobile favoriserait les tumeurs cérébrales

Le Monde - Hervé Morin - édition papier datée du 13/10/2007


L'utilisation du téléphone mobile est néfaste pour la santé, et pas seulement au volant. Une analyse portant sur dix-huit études conclut qu'au-delà de dix ans d'utilisation d'un cellulaire, le risque de développer une tumeur cérébrale maligne - le gliome - du côté où l'appareil est porté à l'oreille serait multiplié par deux. Cette affection touche chaque année environ 6 personnes sur 100 000. Pour les atteintes du nerf acoustique - le neurome -, le risque serait deux fois et demi plus élevé, dans ces mêmes conditions.

Publiée en ligne par la revue Occupational and Environmental Medecine (OEM), cette analyse, conduite par les Suédois Lennart Hardell (université d'Orebro) et Kjell Hansson (université d'Umea), contredit une étude rendue publique en septembre en Grande-Bretagne, selon laquelle "il n'a pas été montré que les mobiles étaient associés à des effets biologiques ou délétères".

Mais Lawrie Challis, qui a dirigé l'étude britannique, admet, rapporte le quotidien The Independent, qu'en raison du faible nombre de patients ayant utilisé un téléphone mobile depuis plus de dix ans, "il n'est pas possible à ce stade d'écarter la possibilité que des cancers puissent apparaître dans les prochaines années". L'incertitude liée au temps de latence entre l'exposition aux champs électromagnétiques et le développement éventuel d'une tumeur reste l'un des principaux obstacles dans la conduite d'études épidémiologiques "conclusives".

En France, où la téléphonie mobile a pris son essor à partir de 1992 et où l'on dénombre désormais plus de 52 millions d'abonnés, l'étude la plus récente, publiée en septembre dans la Revue d'épidémiologie et de santé publique, souffre des mêmes limitations. Elle porte sur des patients atteints de tumeurs cérébrales entre 2001 et 2003.

"L'usage régulier du téléphone mobile n'est pas lié à une augmentation du risque de neurinomes, de méningiomes ou de gliomes, conclut-elle. Bien que ces résultats ne soient pas significatifs, il semble toutefois exister une tendance générale à une augmentation du risque de gliome chez les plus "gros consommateurs" de téléphonie mobile : utilisateurs de longue durée, au temps de communication élevé et ayant utilisé un plus grand nombre de téléphones."

La puissance statistique de l'étude française étant insuffisante pour trancher, les auteurs renvoient à l'étude internationale Interphone, lancée en 1999. Elisabeth Cardis, qui coordonne Interphone au Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), à Lyon, n'est pas surprise par les résultats de l'étude de Lennart Hardell et Kjell Hansson. "Ils s'appuient sur plusieurs études incluses dans Interphone, qui ont effectivement noté des augmentations, significatives ou non, des gliomes chez les utilisateurs de mobile", admet-elle. Toute la difficulté réside dans l'interprétation des résultats, ajoute-t-elle.

Un des biais possibles concerne la mémorisation par les malades de leur propre usage du téléphone."Ils cherchent une explication à leur maladie et ont tendance à exagérer leur exposition", note Elisabeth Cardis. Ce biais de mémorisation est statistiquement repérable : il conduit à une apparente réduction du risque de tumeur dans l'hémisphère opposé au téléphone, comme si exposer un côté protégeait l'autre...

L'étude Interphone s'attachera aussi à préciser la localisation des tumeurs. Si 20 à 30 % de la dose électromagnétique émise par le téléphone sont absorbés par le cerveau, "cette exposition est très localisée", indique Elisabeth Cardis. Il est alors peu probable qu'une tumeur dans la partie frontale ou occipitale puisse être attribuée aux radiofréquences, note-t-elle.


LAXISTES


Ces problèmes méthodologiques expliqueraient, selon la chercheuse, le retard de plusieurs années pris dans la publication de l'étude Interphone, espérée "dans quelques mois". En attendant, Elisabeth Cardis refuse de se prononcer sur la nécessité ou non de réviser les normes d'émissions de radiofréquences.

Celles-ci sont jugées trop laxistes par un groupe de spécialistes internationaux, dont Lennart Hardell. Ces experts ont rendu public, le 31 août, un rapport dans lequel ils réclament un durcissement de la réglementation internationale sur les ondes électromagnétiques, qu'elles soient émises par les lignes à haute tension, les fours à micro-ondes, les antennes et relais de télécommunications ou les téléphones portables.

Micro-ondes, DECT, Wi-Fi et mobiles mesurés in situ

L'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (Afsset), qui recommande d'utiliser le mobile "avec discernement", a financé une étude sur l'impact des radiofréquences à Besançon et à Lyon. Pendant une semaine, 400 volontaires ont porté un dosimètre. Les trois millions de mesures récoltées montrent que la grande majorité des expositions sont dues au téléphone portable, au sans-fil domestique (DECT) et au four à micro-ondes. Coordinateur de l'étude, l'épidémiologiste Jean-François Viel note qu'il s'agit de résultats préliminaires, à affiner, notamment en ce qui concerne le Wi-Fi, "qui émet dans la même gamme de fréquences que le four micro-ondes".

dimanche 7 octobre 2007

Téléphonie Mobile et Wifi - Article du DNA

« Les risques sanitaires sont prouvés »

La téléphonie mobile est nocive pour la santé, répètent inlassablement Marc et Etienne Cendrier, fondateur et président de l'association «Robin des Toits ». La nouveauté, « c'est que nous en avons maintenant la preuve », ont-ils indiqué hier à Bouxwiller lors d'une réunion organisée dans le cadre de Larz'Als.

Dans l'actualité récente, l'électrosensibilité aux ondes électromagnétiques a été reconnue pour la première fois en France par la sécurité sociale comme une maladie invalidante. Jusqu'ici, les patients atteints de troubles (insomnies, maux de tête, vertiges,...) à proximité d'antenne de téléphonie mobile étaient le plus souvent traités par le corps médical comme des malades psychologiques...
Mais la téléphonie mobile est porteuse de bien d'autres risques sanitaires, dénoncent les Cendrier père et fils, de l'association Robin des Toits, venus hier à Bouxwiller à l'invitation de la CGT, d'Attac et de la confédération paysanne pour une conférence. Et d'ailleurs, deux nouvelles études indépendantes, rendues publiques cet été corroborent leurs dires. « C'est même la première fois qu'une étude sur le sujet utilise le mot preuve », précise Marc Cendrier en évoquant le travail de scientifiques américains établissant un lien entre les ondes électromagnétiques et les ruptures d'ADN. Plus récemment encore, une équipe de chercheurs de l'université de Clermont-Ferrand vient de mettre en évidence (« sans doutes possibles ») les effets du rayonnement des champs électromagnétiques de 900 mHz (la fréquence la plus utilisée par la téléphonie mobile) sur le fonctionnement génétique des végétaux.

« Une toxicité triple »

La preuve de l'effet génotoxique de la technologie sans fil (le wi-fi est également concerné) pourrait ainsi faire bouger les choses pour que le principe de précaution soit enfin appliqué.
« A l'époque, rappelle Etienne Cendrier, la téléphonie mobile a été lancée sans qu'aucune étude n'ait été menée sur son impact sanitaire ».
Ensuite, les opérateurs ont systématiquement écarté tous les rapports gênants sur le sujet et « leurs auteurs se sont soudainement retrouvés sans budget pour continuer les recherches ».
Pourtant l'hyperfréquence utilisée pour transporter les signaux sur un mode pulsé, associée à la très basse fréquence desdits signaux induit «une toxicité triple ». L'hyperfréquence a un effet thermique (risque d'échauffement des tissus cellulaires), la très basse fréquence interfère avec nos fréquences internes « dont celles du cerveau » et les pulsions provoquent des « microsaccades perturbant les processus microbiologiques ». Avec des risques de tumeur du cerveau, de dérégulation des rythmes physiologiques, de rupture d'ADN donc de cancer, etc.

Un seuil de précaution

« Il ne s'agit pas de renoncer aux mobiles, insiste Etienne Cendrier mais d'imposer aux opérateurs un seuil d'exposition maximal de 0,6 volt par mètre contre 41 V/m actuellement. C'est un seuil de précaution qui marche parfaitement bien, appliqué d'ailleurs sans problème à Salzbourg en Autriche ou Valence en Espagne. Mais évidemment, il faudrait rajouter des émetteurs et cela reviendrait plus cher aux opérateurs... »
En attendant l'adoption de ce seuil d'exposition sans impact pour la santé humaine, quelques conseils : pas de portable pour les moins de 15 ans, ne pas porter son mobile près du coeur ou parties génitales, utiliser l'oreillette, ne téléphoner que dans des conditions de réception maximale (le rayonnement émis par l'appareil augmente avec les difficultés de connexion), ne pas téléphoner en voiture même à l'arrêt (l'effet dit de cage de Faraday amplifie le rayonnement subi), la nuit, éloigner le portable de votre tête et bien sûr limiter le nombre et la durée des appels.

Simone Wehrung
Édition du Dim 7 oct. 2007
Les Dernières Nouvelles d'Alsace